Skyrock.com
  • ACCUEIL
  • BLOGS
  • PROFILS
  • CHAT
  • Apps
  • Musique
  • Sources
  • Vidéos
  • Cadeaux
  • Connecte-toi
  • Crée ton blog

La-Pierre-d-Opale

Masquer Voir son profil
Photo de La-Pierre-d-Opale
  • Suivre
  • Voir son profil
  • Plus d'actions ▼
  • Blog secret
  • Partager
  • Devenir VIP
  • Bloquer
  • S'abonner à mon blog
  • 5 articles
  • 479 kiffs
  • 4 872 commentaires
  • 6 397 visites
Jouer

Boîte à musiques Shine Your Way

Ajouter

Création : 27/10/2009 à 11:30 Mise à jour : 17/06/2021 à 05:30

"My thoughts will echo your name until I see you again !"

« Non. Je ne manque nulle part, je ne laisse pas de vide. Les métros sont bondés, les restaurants comblés, les têtes bourrées à craquer de petits soucis. J'ai glissé hors du monde et il est resté plein. Comme un oeuf. Il faut croire que je n'étais pas indispensable. J'aurais voulu être indispensable. A quelque chose ou à quelqu'un. A propos, je t'aimais. Je te le dis à présent parce que ça n'a plus d'importance. »

"Pareil à un fanal éclatant, vous êtes resté immobile au bord de l'océan des hommes, et vous avez regardé dans les eaux la réflexion de votre propre lumière ; du fond de votre solitude, vous trouviez l'océan magnifique sous le dais splendide des cieux ; vous ne comptiez pas chaque flot, vous ne jetiez pas la sonde ; vous étiez plein de confiance dans l'ouvrage de Dieu. Mais moi, pendant ce temps-là, j'ai plongé ; je me suis enfoncé dans cette mer houleuse de la vie ; j'en ai parcouru toutes les profondeurs, couvert de ma cloche de verre ; tandis que vous admiriez la surface, j'ai vu les débris des naufrages, les ossements et les Léviathans."

"Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie..."

David et Goliath

J'étais debout, de ça je me souviens – debout sous le soleil, droit et fort, comme j'étais supposé l'être – debout, seul, invaincu encore, j'attendais qu'on relève mon défi, qu'un fou ose se mesurer à moi, il n'aurait eu aucune chance – debout et soudainement couché, assommé, vaincu, totalement sonné – comment, moi, couché ? Vous êtes sûrs ? Ce n'est pas plutôt l'autre qui est à terre ? – vaincu, une pierre logée dans mon front, enfoncée, offensante, elle se moquait de moi, cette pierre, elle se riait de ma force, se jouait de mon poids, elle me narguait – une pierre dans mon front et un éclat de soleil qui accroche mon regard, se loge dans mon ½il, m'éblouit, rieur, il me dit que la fin est proche, tu es à terre, tu ne peux rien, tu n'es rien – et l'éclat de soleil devient argent, devient lame, devient incisif, tranchant, c'est soudain la mort en personne qui s'approche – j'étais debout et soudain presque mort, sans savoir ce qu'il s'était passé, sans comprendre – et le temps de comprendre, on ne me le laisse pas, on me l'enlève, il s'enfuit, sous mes yeux, rouge, mon temps est rouge, il pulsait en moi et s'en va pulser ailleurs, il disparaît, s'écoule – c'est ma vie qui s'écoule, je le sais, je le vois – comment puis-je le voir ? – mes yeux sont baissés, sur mon corps, sur mon cou d'où mon sang, mon temps, ma vie, jaillit, et ma tête s'élève, plus légère qu'elle ne l'a jamais été – j'étais debout, puis couché, maintenant je suis les deux, le corps étendu, la tête élevée – et je comprends enfin, il m'a tranché la tête, à moi, ma tête, tranchée – cela ne devait pas se passer comme ça, j'étais le bourreau pourtant, ma tête devait rester là, où est sa place après tout, elle devait rester haute, s'élever mais pas dans la main d'un autre, s'élever en même temps que mon corps, qui se relève après avoir abattu ma lame – c'est moi le bourreau ! Je veux crier, m'affirmer, mais ma bouche s'ouvre sur un son qui ne sort pas, ne sortira jamais, plus jamais – car maintenant je suis mort, c'était moi mais ça ne l'est plus, c'est un autre désormais, celui qui a pris ma vie, mon temps, mon sang – comme je l'ai fait tant de fois auparavant – j'étais couché à même le sol, attendant que la lame caresse ma gorge, je m'en souviens – j'étais celui qui donnait la mort – l'herbe chatouillait mon visage, glissant sur ma peau, enlaçant mon cou – tant d'ennemis qui disparaissaient sous mes coups, j'étais debout, de ça je me souviens, et ils étaient à terre, face à moi, sans pierre mais à terre – et j'entendais les pas, qui se rapprochaient, un, deux, et j'étais incapable de me relever, cette pierre moqueuse me clouant au sol – et ma lame s'élevait, légère, et elle s'abattait, si lourde sur leurs cous – mes muscles tremblaient et se relâchaient, je ne comprenais pas, j'aurais dû comprendre, mon corps avait compris, lui, et il avait peur, et il avait raison d'avoir peur – et leurs têtes roulaient à mes pieds, mais je ne me baissais jamais pour les relever, je ne me serais pas abaissé à ça, pas moi, non, j'étais leur bourreau après tout – n'importe qui aurait peur face à la mort, mais pas moi, mon corps tremblait, mais pas moi, je n'avais pas peur, je ne savais pas alors, que la mort était là – je laissais toujours leurs têtes à terre, je les bousculais négligemment d'un coup de pied, je ne voulais pas m'embarrasser d'eux, ils n'existaient plus – mais moi j'existe encore, même mort je suis là, et il se moque, il m'exhibe, moi, qui suis encore quand les autres n'étaient déjà plus rien – et alors que ma tête tourne lentement sur elle-même, et voit le monde, le rouge qui jaillit et la vie qui s'écoule, je vois le temps, figé, suspendu – le temps passait vite, un éclair, une lame qui s'abat furtivement, violemment, tout était fini, le temps ne s'arrêtait pas comme ça, une mort et j'enchaînais, un combat, une victoire, et je m'en allais – mais là le temps ne bouge plus, il attend, silencieux, frémissant – il attend quoi ? Je suis mort, je ne peux rien lui donner, au temps, rien lui offrir d'autre que ma vie qui se répand sur le sol, dans l'herbe câline – et cette suspension me surprend, j'étais debout, vainqueur et puis couché, une pierre logée dans mon front, ma fin était proche et maintenant elle est là, mais elle ne veut pas s'en aller, elle s'entête, et moi je suis là – et ma tête suspendue, par la main, par ce temps immobile, je commence à avoir peur – mon échec ne prendra-t-il jamais fin ? – mon corps est immobile, il se raidit, les spasmes sont finis, déjà, tout est achevé, calme, et pourtant je tremble, enfin, j'ai peur, je comprends – je suis mort, et ça ne m'inquiète pas, la mort je l'ai affrontée tant de fois, nous avons joué ensemble, c'est une amie – ce qui m'effraie c'est ce temps, infini, et je le contemple, une larme, unique, invisible, impalpable, coule sur ma joue, sur mon cou sanglant, s'en va rejoindre ce goutte-à-goutte éc½urant, qui rythme ma défaite – la mort ne me faisait pas peur, et je n'avais jamais tremblé – mais maintenant j'ai peur, maintenant je tremble, face au silence.
​ 16 | 128 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.238.24.209) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le dimanche 22 octobre 2017 05:30

Modifié le vendredi 27 octobre 2017 09:39

L'origine du monde

Il fait noir. Je suis seul.
Ce sont les deux seules vérités que je connaisse. Pourquoi je suis là ? Je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est que je dois à tout prix m'échapper de cette prison obscure. Quand je ferme les yeux, je vois des choses... Des choses qui n'existent pas. Qui ne peuvent pas exister. Parce que tout est noir, et que le vide s'étend partout autour de moi. Pourtant... Au début c'étaient seulement des tâches de couleur. Des ombres lumineuses qui passaient sous mes paupières. Et, peu à peu, les images se sont précisées. J'ai vu des formes, rondes, brillantes. Il y en avait de toutes les couleurs. Mais c'est la bleue qui s'est peuplée, d'un grouillement perpétuel. Il y avait tant de naissances par ici ! Tant de nouveauté, de choses à voir ! J'avais enfin trouvé un moyen d'habiter ma solitude. Le rêve.
Dès que je fermais les yeux, je voyais ce monde. Au fur et à mesure que je l'imaginais, je prenais également conscience de mon propre corps. Et de sa déchéance également, lorsque des êtres vivants se mirent à peupler mon univers. Mais je ne m'en souciais guère. Je n'étais plus seul. Et cela me plaisait. J'y mis donc toute mon âme. Je cessai tout à fait d'ouvrir mes yeux. Je m'oubliais, et mon corps finit par disparaitre. Et maintenant ? Il fait noir. Je suis seul. Mais j'ai créé un monde merveilleux en rêve. Alors je ne souffre plus. Je peux me laisser aller.

Je suis seul. Dans un monde en guerre. Nous sommes le plus grand empire du monde, qu'ils disent. Il est à nos pieds. Notre dictateur est le fils d'une déesse. Mais je ne les crois pas. Le monde est plus vaste, nous ne pouvons pas le dominer. Alors, je ferme les yeux, et je m'envole. Je rêve d'une personne qui osera affronter les étendues bleues que nous n'osons franchir, et qui découvrira ce qui se trouve au-delà.

Je suis seul. Nous le sommes tous. Nous avons découvert le monde, silloné les mers, partagé notre savoir avec de nouvelles cultures. Et qu'est-ce que cela nous a apporté ? Nous ne savons rien de plus, ni sur nous, ni sur l'orgine de notre monde. Mais je sais où est le savoir. Il est là-haut. Sur cette sphère d'argent que j'ai tant observée. Alors, la nuit, je rêve que des hommes plus courageux que mes semblables posent le pied dessus.

Je suis seul. Nous avons conquis le monde. Nous avons même conquis la Lune. Et après ? Est-ce suffisant ? Tant d'autres avant moi ont rêvé d'autres horizons, de nouvelles découvertes... Et ce sont leurs rêves qui nous ont conduit jusqu'ici. Mais les miens ? Ils sont égoïstes. Ils ne feront pas avancer le monde. Mais ils me feront vivre ! Et je cesserai d'être seul. Nous cesserons tous d'être seuls.


Je suis seule. Tout est blanc autour de moi. Mais je ne rêve pas. Ce n'est pas moi qui fait exister le monde. Moi, je l'écris.


Toute idée d'amélioration est la bienvenue :')
​ 11 | 12 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.238.24.209) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le dimanche 22 octobre 2017 07:52

Modifié le lundi 23 octobre 2017 11:10

Don't stop me now.

La pièce est petite – intimiste. Toute empreinte d'une moiteur qui se dégage par volutes paresseuses de la baignoire. Dedans, l'eau est brûlante, et chaque mouvement risque de la voir déborder, mais qu'importe. La chaleur monte à la tête, transforme le corps en une chose molle et languissante, rempli d'un plaisir pas encore présent mais déjà pressenti.
La porte s'ouvre. Elle entre. Et ses yeux s'agrandissent d'une joie enfantine lorsqu'ils découvrent le bain. Elle a toujours adoré les bains. Sourire réprimé. Elle sautille presque, toute contente qu'elle est, et demande d'un voix fébrile :

«  Je peux ? »

Evidemment qu'elle peut. Elle doit, même ! Car ce bain, cette chaleur étourdissante, cette eau indolente, tout cela est pour elle. C'est autant qu'un piège qu'un présent. Mais de ça, elle n'en a pas conscience. Car ce n'est qu'un bain partagé entre amies, où est le mal ? Elle enlève ses vêtements sans une once d'hésitation. Ce n'est que lorsque son orteil trempe délicatement dans l'eau ardente qu'elle marque un temps d'arrêt – vite balayé par un sourire cette fois un tantinet moqueur. Un soupir de contentement s'échappe de ses lèvres fines alors qu'elle immerge son corps, et sa tête va reposer sur le bord de la baignoire. Ses longs cheveux noirs s'éparpillent dans l'eau et finissent par former une auréole autour d'elle, qui dérobe la partie haute de son corps aux yeux affamés. Sourire carnassier. Son corps s'offre déjà, dans l'eau, ses jambes s'allongent et taquinent gentiment le corps à ses côtés. Le voile de ses cheveux n'est qu'une bien piètre armure qui ne fera pas long feu, pas cette nuit. Car déjà des milliers de promesses secrètes emplissent l'air alourdi.
​ 8 | 2 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.238.24.209) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le dimanche 12 novembre 2017 10:26

Modifié le vendredi 29 novembre 2019 16:19

Un texte heureux ?

Un éclat de rire qui transgresse le silence. Et la danse commence.
Dans une foule, deux âmes. Les corps s'inclinent, les mains se joignent. Regard croisé, perdu au loin, bien trop loin pour se l'accaparer. L'on passe d'un corps à l'autre, sans se soucier des visages qui nous font face. Ne comptent que ces yeux, lointains, brûlants. Frisson. Une fièvre inconnue commence à monter, et un sourire éclot, irrépressible, de voir ces yeux toujours posés sur nous. La danse nous éloigne et nous rapproche, au gré de ses humeurs, mais ce regard, ce regard... Il reste là, comme un défi jeté à la face de la foule. Peu importe tous ceux qui tournoient, ceux qui ondulent, qui nous attrapent par la main et nous guident un peu plus loin, un pas de côté, seuls comptent nos yeux, accrochés, entravés, ils ne peuvent plus se détacher, le charme est jeté, il n'y a plus rien à faire. La danse continue, rebondissante, dans le rire et le silence, dans cet échange de regards, prolongé, infini, un coup de tambour, tout s'arrête. Alors l'on se rapproche, doucement, précautionneusement, mais c'était un leurre, c'est une nouvelle danse qui reprend. Mais, danse par danse, nous parviendrons à nous retrouver, je te le jure, nous nous rejoindrons, ce sont tes yeux qui me le disent, tes yeux avides, collés sur ma peau, mon sourire, tes yeux qui habillent mon corps de leurs caresses, de leurs promesses. Et quand la danse s'arrête, tu es là, face à moi, tu souris, vainqueur déjà, et tes promesses sont aussi les miennes.
​ 10 | 3 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.238.24.209) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le dimanche 19 novembre 2017 19:01

Ecrire le temps de la nuit

Impossible de cerner la nuit sous toute cette lumière, au c½ur de tous ces bruits. Sous ma fenêtre, la lumière jaune des lampadaires, les gens qui marchent, pédalent, roulent en voiture, en parlant fort, criant parfois, chantant souvent. Le ronronnement grognement des voitures qui envahissent la rue, chassent le peu d'ombres qui subsistent encore, avalent le silence. Et ma quiétude est brisée.
La nuit est toujours la nuit, mais elle a été apprivoisée. Alors je la fuis, je cherche d'autres nuits, plus sauvages, plus authentiques, et je les trouve en moi, sommeillant au creux de mes souvenirs.

Je pars ainsi à leur recherche, je chasse ces nuits, pour les comprendre. Retrouver l'ivresse.

Une plage bretonne, un feu crépitant. Le soleil tarde à disparaître à l'horizon, laissant de longues vagues flamboyantes dans le ciel. Les gens désertent la plage, peu à peu, plongeant l'univers qui m'entoure dans un silence troublé seulement par le craquement du feu et les chuchotements de ceux qui m'accompagnent. Je m'éloigne, abandonne la chaleur bienveillante pour aller chercher la mer, c'est marée basse. Je marche longtemps, mes pieds nus s'enfonçant dans le sable humide, et chaque paix me rapproche du silence, d'une paix insoupçonnée. L'eau finit par lécher ma peau, froide, porteuse de mille et un secrets. Je l'écoute. La lumière décline enfin sans que je ne m'en rende compte. Le temps est suspendu, au milieu des ombres et des bruits impalpables, sans personne autour de moi. L'on m'appelle au loin, il se fait tard, demain il faudra bien reprendre la cours de sa vie dès le lever du soleil, mais je reste dans ma bulle d'éternité une seconde de plus, m'abreuvant de cette nuit. Elle n'avait rien de particulier, pourtant ; mais tout était beau et grisant en cet instant.


Une forêt. C'est notre objectif ; nous quittons la maison par la porte-fenêtre, et nous coulons parmi les ombres. Au plaisir de vivre la nuit s'ajoute la joie de l'interdit. Nous traversons la ville, et je me cache dès que je croise un autre être humain. C'est absurde, mais j'ai le sentiment que si quelqu'un me voit, alors cette nuit sera gâchée. C'est le secret qui la rend unique, et je ne veux pas que quiconque puisse poser les yeux sur moi, sur nous. Lorsque nous sommes seuls, il chante, et j'aime sa voix, elle me fait voyager. La ville est dépassée, et nous entrons dans la forêt. Même la jour, la lumière filtre difficilement la frondaison des arbres, nous sommes plongés dans l'obscurité. Je n'ai jamais été très courageuse ; les bruits de la vie nocturne me font sursauter ; mon c½ur bat follement alors que mes yeux fouillent les ombres sans rien distinguer. Au milieu de la joie et de l'adrénaline s'insinue la peur, qui glisse sur ma peau et m'enrobe toute entière. Je souris. Il y a du plaisir dans la peur. Celle-ci rend chaque instant plus intense encore.


Il est là. Après tant de mois passés à l'attendre, à l'imaginer, le voilà. Nous sortons dans la nuit, fermons les yeux, donnons des directions au hasard. Au bout d'un moment, les rues nous engloutissent, nous ne savons plus où nous sommes. Une seule certitude pulse ; nous ne sommes pas perdus, car nous sommes ensemble. Cette fois, je ne cherche pas à me cacher, nous ne croisons personne. La nuit nous offre un berceau tranquille et sûr, loin du monde. Je voudrais que le temps ne reprenne jamais son cours. Nous finissons par trouver le chemin du retour, je ne sais comment. Mais notre c½ur appartient au monde du dehors, celui qui échappe à toute civilisation. Le bonheur est si intense que je ne sais pas si j'arriverais à le contenir très longtemps en moi ; il m'échappe, s'éparpille à tout va, me laissant pantelante – mais heureuse. Jamais mon c½ur n'a battu aussi fort. Jusqu'au matin, le sommeil est chassé, et je le découvre, l'apprivoise. Les ombres reviennent que je ne suis toujours pas lassée de cette découverte sans cesse renouvelée. J'ai soif de lui comme j'ai soif de la nuit ; là encore, le sommeil s'enfuit, impuissant face à l'émerveillement.

D'autres nuits, sauvages ou sereines, solitaires ou non. Des nuits d'émoi, bercée par la chaleur étourdissante d'un bain brûlant ; des nuits d'euphorie, caressée par des mots tendres et insaisissables, des nuits oubliées aussi, mais qui m'ont imprégnée de cet univers singulier.

Le monde n'a pas changé de ma fenêtre. Toujours les mêmes bruits, les mêmes odeurs, les mêmes lumières. Même l'air que je goûte garde la même saveur. Il y a là une fadeur qui me blesse, comme une trahison. Alors je ferme les yeux.
Et sous mes paupières palpitent toutes ces autres nuits, qui emplissent mon être d'une myriade de sensations – vertige infini, mille fois répété.

La nuit transfigurée.


L'ombre, encore et toujours, qui me guette et me dévore. Je la connais. Je me retrouve perdue, dans cette forêt familière mais ô combien inquiétante, une forêt qui n'appartient qu'à moi, à mes songes. Et là-haut les étoiles s'éteignent, une à une, gouttes d'espoir qui m'abandonnent comme à chaque nuit, comme à chaque fois que je me retrouve ici – seule. Ma silhouette ne se détache plus de rien à présent, j'appartiens aux ombres, à l'obscurité qui se joue de mes craintes et des envies – de toute manière quelle importance ? Il n'y a nulle place pour moi ailleurs qu'ici. Alors j'avance. Je sais où aller, car je m'y rends chaque nuit, parfois sans m'en rendre compte, sans savoir que je suis de nouveau seule. A l'aube, lorsque la lumière fleurit et affleure mes paupières, j'oublie souvent, et je vis en toute candeur, mais chaque nouveau voyage est marqué par le souvenir de mes précédentes venues – et elles sont innombrables. J'arrive enfin au lieu de rendez-vous, clairière qui s'ouvre sur un ciel vide, morne – mon ciel. La nuit m'oppresse lorsqu'elle ne m'exalte pas, et le bonheur, l'ivresse, ce vertige sensuel infini, toutes ces émotions libératrices qui me font goûter la vie avec plus d'intensité disparaissent alors. Elles s'évanouissent pour laisser place à la tristesse, au doute, à la peur et à cette solitude qui me lacère. J'ai envie de hurler à la lune mes chagrins et mes craintes, mais même la lune s'est éteinte. Et mon cri silencieux s'étend sans fin, déchirant les brumes de mon esprit. Je me réveille alors, toute tremblante et égarée, perdue dans cet effroi typique du réveil où rien ne semble réel et où chaque variation d'air est une menace, sans savoir ce que me réservera le jour qui se lève – mais sachant déjà dans quel abîme me plongera la prochaine nuit.


La deuxième partie a été écrite en écoutant La nuit transfigurée, toujours en suivant la consigne "écrire le temps de la nuit".
​ 6 | 2 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.238.24.209) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le lundi 22 octobre 2018 08:27

Modifié le jeudi 08 novembre 2018 13:59

Ses archives (5)

  • David et Goliath
    J'étais debout, de ça je me souviens – debout...
    dim. 22 octobre 2017
  • L'origine du monde
    Il fait noir. Je suis seul. Ce sont les...
    dim. 22 octobre 2017
  • Don't stop me now.
    La pièce est petite – intimiste. Toute emprei...
    dim. 12 novembre 2017
  • Un texte heureux ?
    Un éclat de rire qui transgresse le...
    dim. 19 novembre 2017
  • Ecrire le temps de la nuit
    Impossible de cerner la nuit sous toute cette...
    lun. 22 octobre 2018
  • Précédent
  • Suivant

Design by La-Pierre-d-Opale

Signaler un abus

Abonne-toi à mon blog ! (1 abonné)

RSS

Skyrock.com
Découvrir
  • Skyrock

    • Publicité
    • Jobs
    • Contact
    • Sources
    • Poster sur mon blog
    • Développeurs
    • Signaler un abus
  • Infos

    • Ici T Libre
    • Sécurité
    • Conditions
    • Politique de confidentialité
    • Gestion de la publicité
    • Aide
    • En chiffres
  • Apps

    • Skyrock.com
    • Skyrock FM
    • Smax
  • Autres sites

    • Skyrock.fm
    • Tasanté
    • Zipalo
  • Blogs

    • L'équipe Skyrock
    • Music
    • Ciné
    • Sport
  • Versions

    • International (english)
    • France
    • Site mobile